Le tilleul des Baronnies provençales est reconnu au patrimoine culturel immatériel français, ou plutôt « les gestes du travail pour sa cueillette ». Ces gestes sont depuis juillet dernier à l’inventaire national (la sauvegarde de ce patrimoine est issue d’une Convention Unesco) et ce lundi midi, la délégation drômoise va recevoir des mains de Rachida Dati, au ministère de la Culture à Paris, un certificat symbolique.
« C’est vraiment super, se réjouit Florent Labussière. C’est un peu une consécration d’un long travail sur le tilleul, donc c’est chouette. » Ce producteur de Villeperdrix a porté le projet de reconnaissance nationale. Il est reçu par la ministre de la Culture avec Jeanne Robert, anthropologue, Nicole Peloux, présidente du parc naturel régional des Baronnies provençales, et Pascale Rochas, conseillère départementale et municipale à Buis-les-Baronnies.
Transmission générationnelle
Sur la ferme de Perdicus, Florent Labussière cultive une petite trentaine d’arbres, soit une production de 50 à 60 kg de tilleul sec par an. Il travaille avec son compagnon et associé, Adrien Donzet, fils de cueilleurs de tilleul. La transmission des pratiques fait partie de ce patrimoine désormais inscrit nationalement. « C’est également une reconnaissance pour tous les anciens qui ont aussi travaillé là-dessus », souligne le producteur. La cueillette du tilleul est d’ailleurs réalisée de manière collective.
Historiquement, plusieurs dizaines de tonnes ont été produites dans les Baronnies provençales. « C’est vraiment caractéristique du coin. Ce sont des savoirs et savoir-faire propres à ici », les Baronnies, insiste Florent Labussière, avant de détailler ce qui est reconnu par l’inventaire national : « ça concerne à la fois l’observation fine des anciens, qui sont allés chercher les tilleuls sur les versants nord des montagnes pour les implanter sur le territoire en plus basse altitude des Baronnies, jusqu’aux gestes de la cueillette, de la taille, du séchage pour les marchés, notamment de l’herboristerie. C’est un système global qui a été créé à partir du tilleul. »
Mieux rémunérer la production de tilleul
La cueillette du tilleul est l’une des rares productions agricoles qui n’est pas industrialisée. L’agriculteur drômois fabrique sa propre tisane, il distille aussi la plante pour en faire de l’eau florale notamment. Florent Labussière vend surtout en direct. Il vend le kilo entre 50 et 100 euros suivant le client et la transformation proposée. Avec la reconnaissance comme patrimoine culturel immatériel, le producteur « espère aussi que ça va permettre de propulser un peu la cueillette du tilleul dans l’avenir. » « C’est l’enjeu qu’il y a derrière« , ajoute-t-il. En écho avec la crise agricole, Florent Labussière souhaite une meilleure rémunération de la production, pour que les savoirs et les gestes autour du tilleul ne disparaissent pas des Baronnies provençales.
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