Dans le cadre de l’appel à projets Invest Auto France 2030, visant à soutenir les projets d’investissements pour produire en France les véhicules de demain, EcoTechnilin, filiale de NatUp Fibres basé à Saint-Martin-du-Tilleul (Eure) et Valliquerville (Seine-Maritime), a développé le projet UpGreen. « Nous travaillons à concevoir des composants moins impactants sur le plan environnemental pour le secteur automobile. Ce projet doit apporter de la compétitivité à nos matériaux et ceux des équipementiers automobiles. L’objectif étant de développer un tout nouveau design pour optimiser les véhicules électriques », Karim Behlouli, directeur général d’EcoTechnilin.
Sélectionné par Bpifrance pour intégrer France 2030 à la fin de l’année 2023, EcoTechnilin (14 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 80 % à l’export) a désormais jusqu’en 2026 pour concrétiser son projet, lauréat du Trophée 2024 du pôle de compétitivité NextMove.
Trois axes de développement
Le projet UpGreen sera développé sur trois axes qui démarreront à douze mois d’intervalle : le premier volet travaillera sur les différentes fractions végétales (séparation des constituants de la fibre, NDLR) en fonction de leur architecture et composition ; le deuxième traitera de l’adaptation des fibres naturelles aux parcs machines existants des équipementiers automobiles et le troisième sera consacré à l’esthétique des renforts sublimant l’habitacle (garnitures intérieures, habitacle, coffre, compartiment moteur ou bas de caisse…).
« La clé réside dans la légèreté, essentielle pour optimiser l’autonomie des véhicules électriques. Actuellement, les éléments structurels sont recouverts d’une couche esthétique, souvent en faux cuir ou en mousse, indique Karim Behlouli. Notre objectif est de supprimer cette couche supplémentaire, en faisant apparaître directement le lin. En retirant des produits, on réduit le coût et le poids, tout en rendant visible l’aspect fibres naturelles que l’on recherche. »
Une équipe de sept personnes sur les 85 salariés de l’entreprise, est dédiée au projet UpGreen. « Ce projet devrait permettre de multiplier par deux notre chiffre d’affaires consacré au marché automobile qui est actuellement de 10 millions d’euros sur les 14 millions d’euros de chiffre d’affaires de l’entreprise », avance le directeur.
Réduire le prix des composants
Consciente que les investissements de ses clients vont prioritairement aux nouvelles technologies, la société EcoTechnilin travaille également à réduire le prix de ses composants. « La batterie fait considérablement monter le prix d’un véhicule électrique. Or, le marché a besoin de produits compétitifs et autonomes, qui présentent un impact environnemental moindre tout en renouvelant l’offre des véhicules » avance le directeur.
« Le cycle de vie d’une voiture génère 15 tonnes d’émissions de CO2, soit 5 tonnes pour la produire et 10 tonnes quand elle roule »
EcoTechnilin propose ainsi une gamme complète de produits en fibres naturelles apparentes, avec différents aspects au choix : bois, fibre, tissu de carbone… « Les fibres naturelles nous permettent d’élaborer une signature spécifique à chaque constructeur. Nous souhaitons ouvrir cette solution à toute l’industrie automobile et sommes prêts à collaborer avec les équipementiers pour amener ce changement », confirme Karim Behlouli.
Zéro émission nette à l’horizon 2050
Le projet porté par EcoTechnilin répond pleinement au défi environnemental imposé par le marché de l’automobile de demain. Si la législation Fit for 55 (loi européenne sur le climat) préconise une diminution de 55 % des émissions produites par les véhicules d’ici 2030, il faudra aller plus loin pour parvenir à zéro émission nette à l’horizon 2050. Dès 2035, 100 % des véhicules devront ainsi être électriques. « Le cycle de vie d’une voiture génère 15 tonnes d’émissions de CO2, soit 5 tonnes pour la produire et 10 tonnes quand elle roule », explique Karim Behlouli. Au final, quand tous les véhicules seront électriques, l’impact environnemental sera uniquement attribuable à la construction du véhicule, qui correspond donc actuellement à 5 tonnes de CO2. Et c’est dans ce domaine que l’entreprise normande aura un rôle majeur à jouer.
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