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Tilleul-Bourbeuse; archives et conservations, A SAVOIR ET RETENIR.

Comment ces agriculteurs de Creuse font-ils du Conservatoire d’espaces naturels leur meilleur allié

Depuis des années, le Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine travaille de concert avec le monde agricole pour préserver les milieux remarquables de la région mais aussi les espèces faunistiques et floristiques qu’ils abritent, tout en facilitant l’installation et l’accompagnement des agriculteurs et agricultrices. L’exemple en Creuse où le CEN est le partenaire privilégié d’une douzaine d’entre eux.

Stéphane Drevet a acheté sa ferme de Cherbeytoux, à Bussière-Dunoise, il y a six ans avec le projet de s’installer en élevage bovin et de poursuivre son activité apicole débutée il y a vingt ans. Avec sa compagne, Basia, ils se projetaient sur un groupement foncier agricole avec une tierce personne qui souhaitait s’installer comme paysan-boulanger. Ça ne s’est pas fait, « mais il y a toujours une place à prendre », sourit Stéphane.

Voire plusieurs. Pourquoi pas du maraîchage, un atelier ovin, des céréales pour la boulange, l’éleveur est ouvert à tout, pourvu que la philosophie des nouveaux venus rejoigne la sienne : le respect de l’outil de travail, l’environnement.Julien Jemin, chargé de mission Animation foncière et territoriale du CEN travaille avec l’éleveur depuis 2022 et l’accompagne dans ses questionnements et ses besoins @Julie Ho Hoa

Désormais propriétaire de trente-cinq hectares et locataire de treize autres, il a pu agrandir d’une douzaine d’hectares sa surface avec des parcelles mises à disposition graduellement par le Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine depuis 2022.

« On veut que ça soit un endroit où des activités puissent prendre forme », explique Stéphane qui, après avoir quitté l’Ardèche où « c’était impossible », a pu accéder au foncier en Creuse et souhaite en faire profiter d’autres.

Ce projet de territoire, c’est aussi ce qui a séduit le CEN qui travaille en lien étroit avec l’éleveur mais aussi en partenariat avec d’autres agriculteurs du secteur. « On a envie de continuer à voir fleurir des projets de polyculture comme celui-là », se réjouit Julien Jemin, chargé de mission Animation foncière et territoriale du CEN. @Julie Ho Hoa

Un partenariat gagnant-gagnant

Car de son côté, le Conservatoire « a besoin du monde agricole pour entretenir ces terrains achetés grâce aux fonds Néo Terra (lire ci-dessous), pour maintenir ces milieux ouverts et préserver cette mosaïque de paysages qui caractérise notre Creuse ». Sur ses parcelles bussiéroises en déprise agricole, le CEN a l’objectif de restaurer certains milieux.

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« On verra si Stéphane est intéressé mais on pourrait travailler à la remise en état de la parcelle par du gyrobroyage, faire venir des entreprises, un chantier de réinsertion, on pourrait également participer à la mise en place de système de défens type clôture, notamment sur le bord de route pour sécuriser un enclos pour le troupeau. »

Julien Jemin (chargé de mission Animation foncière et territoriale du CEN)

Pourquoi pas aussi, participer à l’appel à projet Haies en partenariat avec le CPIE des pays creusois, et mettre en place un plan de gestion durable des haies pour faire du bois plaquette, un pour une chaudière ou de la litière pour ses vaches… » « Ou simplement pour emprisonner du carbone », sourit Stéphane. @Julie Ho Hoa

Car le Conservatoire n’a pas l’ambition de faire de ces terres « une réserve d’Indiens », tient à souligner Julien Jemin, mais à « les valoriser avec une activité agricole ». La seule condition, c’est que ça ne se fasse pas « dans n’importe quelles conditions ».

En Creuse, quelle est cette agriculture qui prospère à l’ombre de ses arbres ?

Un point qui recoupe les aspirations de l’éleveur de Bussière-Dunoise qui souhaite aussi prouver que « les finalités environnementales ne sont pas du tout incompatibles avec les finalités économiques. On veut montrer que l’on peut faire autrement et que tout va bien !  »

« Ce qui nous intéresse, c’est que ça sanctuarise ces terrains, ça leur apporte une sécurité et à nous aussi. On sait que ça ne deviendra ni un golf ni un camping, que la finalité agroenvironnementale sera là et ça c’est un point très positif. »

Stéphane Drevet (Eleveur et apiculteur sur la commune de Bussière-Dunoise)

Autre avantage non négligeable, il garde du capital qu’il peut investir dans une autre dimension de son projet car les conditions de location avec le CEN sont beaucoup plus avantageuses qu’avec un bailleur classique, ce qui permet d’immobiliser bien moins de fonds que l’achat ou le fermage. « On loue souvent au prix minimum imposé par le barème, explique Julien Jemin. Au début, on est d’ailleurs souvent sur du commodat, de la mise à disposition gratuite. »Installé en brebis limousines, Sylvain Tilleul bénéficie aussi de terrains en commodat en plus des parcelles dont il est propriétaire pour développer son projet à Bord-Saint-Georges @ Julie Ho Hoa

Une opportunité qui a permis à Sylvain Tilleul, éleveur ovin de Basmour, à Bord-Saint-Georges, d’asseoir son atelier ovin. Avec quinze hectares et soixante brebis, « impossible de se tirer un salaire ». Et compliqué de grimper en surface sans foncier disponible sur la commune, trop cher ou en déprise agricole depuis trop longtemps.

Comment l’agriculture peut-elle participer à la préservation des dernières zones humides de la Creuse ?

Grâce au CEN, il dispose depuis 2023 de trois hectares adjacents et de treize hectares de plus en commodat sur la commune de Trois-Fonds. Éligibles à la PAC, elles rentrent également dans le cadre du Contrat territorial milieux aquatiques Hautes vallées du Cher. « Ce sont des prairies mésophiles, d’anciennes prairies humides qui n’ont plus connu d’animaux depuis 40 ans et qui servaient à faire de la fauche. L’idée, c’est de ramener du pâturage pour améliorer ces prairies sans mécanisation ou phytosanitaires », détaille l’éleveur qui va pouvoir y installer son troupeau. @ Julie Ho Hoa

Le CEN a financé les premiers travaux de remise en état, une économie de temps de travail inestimable et d’argent pour l’éleveur qui débute son activité. Il nous montre cette parcelle qui jouxte celle où pâturent ses brebis. 

« Il y a une queue d’étang là-bas où le Conservatoire a fait des travaux de nettoyage à la main avec un chantier d’insertion. Ils ont défriché un demi-hectare de zone humide qui n’avait pas été pâturée depuis les années quatre-vingt-dix. Ça m’a économisé deux à trois semaines de boulot ! »

Sylvain Tilleul (Eleveur de brebis limousine sur la commune de Bord-Saint-Georges)

Et mis à disposition une zone pleine de ressources : « Je garde l’aulnaie, la ripisylve qui longe le ruisseau, les touffes de carex, les saules qui vont être conduits en trognes. L’objectif, c’est que le sol retrouve de la lumière et qu’on ait à nouveau une zone humide où je pourrais faire pâturer l’été quand le sol sera portant. »

Si ces agriculteurs partenaires du CEN mettent en œuvre des mesures agroécologiques et s’engagent sur une agriculture écoresponsable, l’État les accompagnera à hauteur de 200 € par hectare et par an.@Julie Ho Hoa

« Si on parle chiffres, j’ai des terres pour ainsi dire gratuitement pendant un, deux peut-être trois ans, ensuite je serai sur un fermage soumis à clause environnementale parce que les terres sont peu productives donc à un tarif relativement accessible et je peux compter sur 3.000 € de MAEC pendant cinq ans. » Pour Sylvain, en pleine reconversion, qui autofinance son projet sans crédit, ce dégagement, ajouté à l’économie du fermage, lui permet de réinvestir « pour monter en cheptel et arriver au bout d’un moment à dégager un salaire. » @ Julie Ho Hoa

Pour l’accompagner, le Conservatoire poursuit sa prospection foncière sur la commune pour acquérir des terrains proches en déprise agricole. « On va rouvrir des zones qui partaient en taillis pour restaurer des prairies humides, détaille Sylvain. Moi, ça me fait de la surface à pâturer et ça contribue à la préservation de l’eau sachant que dans le secteur, on a de gros soucis… C’est bien pour moi, pour l’environnement, pour les riverains et pour l’avenir », sourit l’éleveur.@Julie Ho Hoa

Ce à quoi ils travaillent, « est beaucoup plus grand que nous », glisse Stéphane, son confrère bussièrois.

« Ce que j’entreprends là, ce n’est pas juste pour la beauté du geste, la première finalité, c’est de pouvoir assurer un revenu pour mon foyer. Mais sur le long terme, on construit une stabilité, une sécurité parce que l’environnement, c’est l’avenir de notre quotidien, c’est l’avenir de nos enfants. Alors oui, c’est enthousiasmant de se lever et d’aller travailler en œuvrant pour quelque chose qui nous donne envie. » 

Stéphane Drevet (Eleveur et apiculteur sur la commune de Bussière-Dunoise)

Rendez-vous. Une réunion publique autour du projet de mutualisation agricole de Stéphane Drevet aura lieu jeudi 16 mai de 19 à 21 heures à la salle des fêtes de Bussière-Dunoise.

Le programme Néo Terra, un sérieux coup de main pour pouvoir s’installer 

Ambitieuse, la feuille de route Néo Terra recoupe de nombreux enjeux, des énergies renouvelables aux circuits courts en passant par la biodiversité ou les milieux naturels.

Grâce à sa dotation de 8 millions d’euros, le CEN peut épauler, très concrètement et dans de multiples aspects, les projets d’agriculteurs comme Stéphane Drevet ou Sylvain Tilleul. Ces derniers ont donc du mal à comprendre les revendications du syndicat agricole Coordination rurale qui, lors de la séance plénière du Conseil régional le 11 mars dernier, demandait que Néo Terra soit tout bonnement enterrée au prétexte que le programme leur imposerait « trop de contraintes » et ne les aiderait en rien.Grâce à cette enveloppe de 8 millions d’euros de la Région, le CEN peut acquérir des terrains et les mettre à disposition d’agriculteurs comme il le fait à Bussière-Dunoise (en photo) ou à Bord-Saint-Georges @ Julien Jemin

« Avec Néo Terra, on est capable d’intervenir et de proposer un accompagnement pour acheter du foncier et le mettre à disposition des agriculteurs pour soulager certains projets »

Julien Jemin (chargé de mission Animation foncière et territoriale du CEN)

Notamment de jeunes qui souhaitent s’installer et s’investir « mais qui n’ont pas forcément les moyens d’acheter du terrain ».

Outre les prix qui se sont parfois envolés, ils doivent souvent faire avec surfaces morcelées et contraignantes, délaissées par de plus gros preneurs. Aujourd’hui, grâce au programme, le CEN a pu acquérir 541 hectares en Creuse dont « la moitié sont des surfaces agricoles possibles, des milieux ouverts ou à rouvrir » et en deux ans, a coconstruit un partenariat avec une douzaine d’agriculteurs et agricultrices à qui il met à disposition ces parcelles, principalement sous forme de commodat. @ Julie Ho Hoa

Pour cette douzaine d’agriculteurs partenaires du CEN, les contreparties, qui rentrent dans le cadre des mesures agroenvironnementales et climatiques (Maec), ne sont pas vraiment vécues comme des « contraintes » et en valent largement la chandelle.

Le Conservatoire d’espaces naturels, précieux « facilitateur de projets »

Le Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine : un couteau suisse au service de l’environnement et de ses usagers, notamment des agriculteurs.
Le CEN ne met pas simplement à disposition ces parcelles, il apporte aussi « son expertise en termes d’ingénierie environnementale, d’études des milieux, d’implantation des haies, de débroussaillage, de pose de clôtures », détaille Stéphane Drevet qui loue au passage « la qualité du document d’études qu’ils ont rédigé avant de prendre contact avec [lui] ». @Julie Ho Hoa

« En tant qu’écologue, je suis là pour leur apporter des éléments de connaissance sur le fonctionnement des écosystèmes et pour les accompagner sur tous les dispositifs qui peuvent les aider à mettre en place ces agrosystèmes »

Julien Jemin (chargé de mission Animation foncière et territoriale du CEN)

Grâce au Conservatoire, Stéphane en a ainsi appris plus sur la richesse faunistique et floristique de ses parcelles. « Connaître le nom, les spécificités d’espèces qui vivent là et que je croise tous les jours, savoir que telle ou telle espèce est remarquable, ça permet de porter un regard différent sur le terrain », confie l’éleveur.

C’est le CEN encore, en analysant des types de milieux que son exploitation recoupe et ses attentes, qui lui a conseillé d’opter pour la maraîchine, une race de vache rustique, qui fait désormais sa fierté. « C’est une bonne combinaison avec le milieu et avec ce que je voulais. » Les vaches de race maraîchine sont particlièrement adaptées aux terrains difficiles et compliqués. @Julien Jemin
Une race tout terrain qui ne refuse pas même le houx, proche de son ancêtre l’auroch, qui « a gardé de l’authenticité, de la rusticité » plutôt que de développer de la carcasse. Sans compter qu’« elles sont très jolies à regarder », sourit leur propriétaire et « dans le quotidien, avoir du plaisir à les travailler, comme d’être dans un cadre préservé, c’est une valeur importante ».

Pour les sauvers des coupes rases, le Conservatoire d’espaces naturels rachète ces forêts limousines

L’éleveur a fait du CEN son « premier partenaire ». « Ils me font gagner vingt ans ! », résume-t-il. « On est des facilitateurs de projets, on essaye de mettre en réseau les personnes, de leur faire découvrir des choses, peut-être plus vite qu’ils ne l’auraient fait sans nous, de mobiliser aussi une enveloppe financière pour des travaux d’accompagnement, les accompagner sur des appels à projets, les aider à mettre en place des agrosystèmes », explique Julien Jemin.

Stéphane éprouve « une grande gratitude » à bénéficier de cette « chaîne de financement » au service finalement d’un « bien commun », « d’un foncier cohérent et viable » qui demain, « sera à ceux qui resteront ».

Texte : Julie Ho Hoa
julie.hohoa@centrefrance.com
Photos : Julie Ho Hoa & Julien Jemin

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